dimanche 14 juin 2015

Antique

Les Pierres antiques sous le cyan et le caerulum de nos cieux nous insolent de leurs pierres ors défiant cet azur.
Sous cet augure, les hommes s'étripent.

Valéry Grancher 2015

samedi 23 mai 2015

"Homme"

Un monde sur l'onde de la honte
Avoir le gout du dégout
Avoir le ton de la honte
Homme tu détruis tout:
Les Forêts, les bois, les clairières, les rivières, les fleuves, les océans, les mers...
Honte à nos mères amers d'avoir enfanté cela
Pendant cette lente agonie du Monde, les hommes continuent à s'étriper
Je hais les hommes,
Je hais leurs ambitions, leur arrogance, leur insolence, leur ignorance...
On éradique notre mémoire, on écrase notre histoire...
On détruit nos sites mythiques de Pompéï à Palmyre, par la finance et la dynamite.
On détruit notre savoir, à quoi bon étudier latin et grec ?
A quoi bon lire l'Odyssée d'Homère ? Oublions Ulysse ! Oublions Pline, César, Caligula...
Censurons Sade, laissons la hyène nommée morale nous dévorer...
Oublions les lumières, aux orties Rousseau, Diderot et Voltaire !
La nuit déploie ses ailes funestes !
Comment avancer sans mémoire et sans savoir ?
En détruisant les ruines? en s'étripant ? en décapitant à tout bout champs ? En lâchant les cerbères génocidaires ? En se jetant à corps perdus dans la Méditerranée ?
Homme, je te hais! je te vomis ! tu m'insupportes !
Je te préfère l'animal et le végétal
Eux ne digèrent pas leurs fils !
Eux servent la vie et non pas la mort !
Homme je te hais
je te combas
Tu ne hanteras plus de ton humanité nauséeuse mon esprit
Homme j'efface ton nom


Valéry Grancher 23 Mai 2015

samedi 16 mai 2015

La Forêt

la forêt
Qui n'a pas envisagé de s'enfoncer dans une forêt? dans cette densité sombre peuplée de légendes?
Les troncs majestueux nous imposent leur verticalité coiffée de frondaisons verdoyantes diffractant cette lumière cristalline de l'été.
La clairière s'enivre d'êtres volants en tous genres, moustiques, moucherons, mouches; les charognes ne sont pas loins.
le sol sombre, humus de la décomposition de tout ce qui vit en ces lieux, vous fait voir des cercueils en ces troncs alignés.
Les racines s'enfoncent profondément et vous font trébucher. Face contre terre, cette odeur forestière vous envahit:
Musc, bois, chlorophylle, moisissures...
la forêt est le monde des morts, des esprits, des démons, des trolls, des fées, des sorcières, des druides...
la roche combat les racines, l'ombre se bat contre la lumière, tout est guerre.
Des bosses métalliques affleurent le sol, des crosses de fusils désossées, des casques militaires...
Auparavant, ce fut les tranchés des poilus, égorgés par les éclats d'obus !
Le bruit assourdissant des canons, les gaz tueurs ont laissé place à la symphonie du vent dans les feuillages, et à l'obscurité forestière.
Non loin de là une route file: Les voitures la traverse sans mémoire, cette route fut la ligne de front, jadis en 1914.

Valéry Grancher 16 Mai 2015

lundi 4 mai 2015

Nuit

Nuit,

Elle se veut noire, parfois outremer et lunaire, de temps en temps sombre
Sous les tropiques humides, les vierges s'affolent sous la pleine lune
Au bord de l'eau, elle déroule ce miroir sombre se fondant dans cet horizon incertain
Les sirènes des bateaux ivres fendent le silence, les ponts jettent leurs colliers de perles ors
Des veines violacées mêlées d'outremer, s'entrelacent laissant paraître leurs tréfonds
Les roches noires côtières les déchirent, l'écume rugit et vomit sa blancheur lâche
En amont sur le sable sombre, des corps se dessinent et disparaissent dans l'obscurité
Les véhicules obsédés par leurs trajets ignorent tout cela, et laissent derrière eux ces yeux rouges agressifs
Sous la voute noire constellées de diamants, le disque lunaire arrogant nous inonde de sa lumière pâle
Deux corps sur le sable sont mêlés
Ainsi va la vie
Ainsi va la nuit


Valéry Grancher Mai 2015

dimanche 3 mai 2015

Jungle

« Jungle »


Le soir, les images, les sons et les effluves de la jungle ne cessent de me hanter lors de mon coucher. Car c'est le seul endroit que je connaisse où vous pouvez aisément trouver une vue, un panorama où rien ne laisse paraître une intervention humaine, pas même les lignes blanches et scintillantes dessinées par nos jets dans les cieux.
Juste soi, face à un désordre organique qui vous carresse dont même l'air se fait matière: son humidité, sa densité, sa richesse oxygénée vous carresse le corps et vos poumons d'une façon si sensuelle.
Je ne peux décrire la sensation que l'on ressent lorsque lors de la tombée de la nuit, on prend son bain dans la rivière en faisant face à son cours et ses berges devenant hautes et sombres et disparaissant dans la lumière crépusculaire et les limbes brumeuses s'échappant des cimes.
Pas de noir, mais de la couleur cacao de l'eau, au ceruleum virant à l'outremer du ciel ruisselant sur les veines jades, porphyres, émeraudes et saphires de la forêt, vous ressentez la communion et la plénitude: aucun tourment mental, aucune angoisse, juste vous, un corps parmi d'autres, une petite vie perdue dans l'immense biodiversité, et une humilité souriante vous envahit.
De ma vie je n'aurais jamais senti un air si pur, pas une odeur nauséabonde, juste les parfums organiques des plantes, le musc des animaux, et l'humidité ambiante ayant sa propre saveur quand on daigne ouvrir la bouche et tirer la langue comme le font les petits enfants shiwiars.
Face à ces impressions, je ne cessais de me dire comment le douanier Rousseau avec "la charmeuse de serpents" avait si bien su retranscrire cela picturalement sans jamais s'être rendu dans de tels endroits



Nuit : 
La nuit est toujours fascinante, voir fantastique, les bruits nocturnes effraient, la forêt en nos contrées est peuplée de trolls, de démons, et se fait hostile...
L'amazonie, elle, vous tend les bras et déroule la symphonie de sa faune, qui se fait chaque jour différente et musicale, et toujours, toujours plus envoûtante, au point de devenir obsédante...



Valéry Grancher 2005 pour une performance à Lamma Island le 17 Mai 2015

Méditerranée

Méditerranée

Azur turquoise, tu tombes sur cet horizon outremer.
Tes flots sous ce soleil mourant saignent dans tes veines violacées.
Tes flots portent des joyeux, rouges, bleus, verts, jaunes.
Sous la lumière or, orangée, des ballots rubis, émeraudes, saphirs, jades, ébènes s'échouent sur ce sable si fin.
J'avance, fasciné, vers ces sacs, ces ballots, ces paquets échoués...
Des corps ébènes échoués...
Des corps et encore des corps et encore des corps...
Des corps dormeurs, sonnés par l'espoir, noyés par le désespoir.
L'horizon, ce lointain plein d'espoir, qui se mue en désespoir.
Je regrette l'Europe aux anciens parapets.

Méditerranée, je dis ton nom !

Valéry Grancher 1 er Mai 2015

Matin

Matin

Le souffle doux du matin humide
caresse mon haleine
Le sang bleu sous les veines éclairent ta peau lactée
Des perles nacres courent
Je reprend mon haleine, et poitrine contre poitrine
Nos langues se mêlent
Le mot est mort
La vie flambe
Je suis toi, tu es moi
Tes fesses lunaires luisent à la lumière du matin
laissant paraître la nacre de la vie

Valéry Grancher 4 Mai 2015